Que ce soit dans le cadre de la création d’entreprise ou d’un passage de palier de développement, investir est souvent nécessaire : on n’obtient rien sans rien.
Or, chez les entrepreneuses, certaines tentent malgré tout de passer le cap sans investir. Et parmi celles décident d’investir, la majorité le fera en partant de ses fonds personnels, et ceci pour diverses raisons :
- difficultés d’accès aux financements en tant que femmes (seulement 2% des fonds levées sont destinées au femmes en 2022)
- peur de l’échec (on ne sait jamais, si jamais ça rate et que tu te retrouves endettée)
- minimiser le risque financier
- l’égo : pouvoir être fière d’être indépendante 💪
- croyance limitante : peur de s’engager auprès d’un financement externe parce que l’entreprise « n’en vaut pas encore la peine »
Hélas, parfois ces fonds ne sont pas suffisants et c’est là que le bât blesse : en n’envisageant pas les financements externes, elles sont pas en mesure de se lancer ou se retrouvent bloquées à un palier de développement, ou face à une problématique qu’elles ne peuvent résoudre sans injecter de l’argent.
Or, ta responsabilité de (future) cheffe d’entreprise est bien d’envisager TOUTES les possibilités disponibles pour emmener ton business Food à bon port, au delà de l’égo et des statistiques, pour faire le choix le plus cohérent possible.
Dans cet article, je partage avec toi 6 façons (liste non exhaustive) de trouver du financement pour ton business Food, ainsi que leurs avantages et inconvénients. Toutes sont envisageables et à envisager. (je n’aborde pas le levier de la trésorerie de ton entreprise, car elle semble évidente).
#1 : Le prêt bancaire
C’est le plus simple et le plus connu : cela consiste à emprunter de l’argent à une banque, remboursable avec des intérêts sur une période déterminée. Cela peut être intéressant de creuser pour un prêt à taux zéro.
- Avantages : c’est une façon accessible à toutes et le processus est simple.
- Inconvénients : cela implique des intérêts et des garanties sont nécessaires.
Bonne pratique : avoir un projet clair et bien ficelé en amont. C’est ce que nous travaillons avec certaines des clientes Food Entrepreneures, afin qu’elles puissent réunir tous les éléments solides à présenter.
#2 : Tes fonds personnels
Il s’agit d’utiliser tes propres économies ou actifs personnels pour financer ton business Food sans recourir à des prêts extérieurs. C’est la façon la plus courante utilisée par les entrepreneuses.
- Avantages : tu as le contrôle total sur ton investissement, tu restes indépendante et tu n’as pas de remboursement à engager.
- Inconvénients : C’est un risque financier personnel que tu prends, et tu tapes dans tes épargnes (or épargner pour l’avenir, c’est primordial)
Bonne pratique de mindset : lorsque les fonds sont personnels, prends l’habitude de « te rembourser ». C’est ce qui va marquer la séparation entre le pro et le perso, et ce qui te met dans la posture de professionnelle. Lorsque j’ai créé ma 1ère entreprise, une partie (je t’expliquerait l’autre partie plus bas) de mes investissements était issue de mes économies personnelles (pour me faire accompagner, notamment). Dès que j’ai eu des clients régulièrement, je me suis mis en place un virement automatique pour rembourser cet « emprunt » que je m’étais fait à moi-même, et pour reconstituer mon épargne. C’était une bonne façon pour moi de travailler ma relation à l’argent et de « m’obliger » à travailler correctement pour rembourser, mais aussi, par le fait de rembourser, de rester dans la conscience que c’est un projet sérieux.
#3 : Le crowdfunding (financement participatif)
Il s’agit d’obtenir de petites contributions financières de la part de nombreuses personnes en ligne via des plateformes dédiées, souvent en échange de contreparties produits.
- Avantages : il permet de créer une communauté, d’obtenir sont engagement et de valider de l’idée… et d’avoir tes 1ers vrais clients au moment du lancement
- Inconvénients : cela demande du temps et de l’énergie, et le succès de la campagne de financement est incertaine.
Bonne pratique : établir une véritable stratégie (de communication et de visibilité) en amont
#4 : Business Angels
Pour faire simple, c’est l’obtention de financements de la part d’une personne qui souhaite investir dans un projet innovant et à fort potentiel, ceci en échange d’un retour sur investissement.
- Avantages : le montant des fonds est plus élevé, et c’est une façon de faire qui permet de bénéficier du réseau, des compétences et de l’influence du business angel. De même, c’est un excellent levier pour obtenir d’autres types de financements.
- Inconvénients : perte de contrôle sur la prise de décisions, partage des bénéfices.
#5 : Les subventions et les concours
Le principe est de chercher du financement via des programmes publics ou privés qui offrent des subventions ou des prix à des entreprises répondant à des critères spécifiques, souvent sans obligation de remboursement.
- Avantages : les financements et aides n’ont pas à être remboursés, cela met également un gros coup de projecteur sur ton projet/entreprise, augmente ta visibilité et les prix gagnés sont souvent une preuve de reconnaissance.
- Inconvénients : il s’agit d’une compétition, ce qui signifie que les critères sont stricts, et cela demande du temps et de l’énergie.
#6 : Emprunt auprès des proches
C’est une façon de faire que j’ai souvent repoussé, par égo notamment (et que peu d’entrepreneuses envisagent). Car cela signifie redevenir l’enfant qui demande de l’aide à ses parents, ou même celle qui vit aux crochets de son mari, voire faire un aveux d’échec/difficulté.
Or, je reviens sur la notion de responsabilité de la cheffe d’entreprise, qui est de faire tout le nécessaire pour tirer l’entreprise de ses difficultés et de l’emmener à bon port… au-delà de l’égo.
Fin 2022, suite à la crise liée à la hausse des prix, le marché s’est fortement contracté et mon entreprise a également pris de plein fouet ce contexte. La trésorerie fondait à vue d’oeil et j’avais toute la stratégie de sauvetage à déployer pour la sortir de l’impasse.
Le problème : il fallait que les finances me permettent de maintenir la tête hors de l’eau, le temps de mettre toute la stratégie en place et remonter la pente.
Je me suis retrouvée face à un dilemme :
- demander de l’aide à ma famille, faire aveux d’échec et les entendre me dire « qu’ils en étaient sûrs !«
- ou ne rien faire, et couler, priver les entrepreneuses de mon aide
J’ai fait le choix de dépasser mon égo et je suis allée voir mes parents.
Et tu sais que que m’ont répondu ?
« On comprend, ça fait partie de la vie de chef d’entreprise de devoir demander de l’aide pour soutenir son entreprise. Tu as bien fait ».
Finalement, dans cette décision mes parents ne m’ont JAMAIS vue dans une situation d’échec. Ils voyaient simplement une cheffe d’entreprise à la recherche de solutions. Je leur ai montré que j’étais une dirigeante qui a pris une décision de dirigeante, qui n’était pas restée prostrée, tétanisée par son égo.
Résultats : j’ai pu maintenir le cap, mettre en place ce qu’il fallait pour continuer et j’ai atteints TOUS les objectifs fixés pour l’année. C’est d’ailleurs la plus belle année de Food Entrepreneures depuis sa création ! Et cela n’aurait pas pu se faire sans levée de fonds.
Ce qui a sauvé mon entreprise, c’est finalement de m’être ancrée dans ma posture de dirigeante et de prendre une décision. Et même si elle m’a été profondément inconfortable, elle m’a finalement permis de grandir et quelque part de (me) prouver que je ne suis pas une amatrice.
- Avantages : Souplesse, potentiellement zéro intérêts.
- Inconvénients : Risque de tensions personnelles, obligations familiales.
Mon conseil : pour éviter d’avoir le sentiment de « vivre aux crochets de », ancre-toi dans la posture de dirigeante en recherche de solutions, car la posture que tu adoptes c’est celle dans laquelle les autres te voient. C’est ce qui va t’aider à dépasser ton égo et ta peur. De même, pour plus de transparence, établie des termes de remboursement clairs pour éviter les conflits potentiels (et ça c’est pro !) 😉
En résumé :
Chaque option a ses avantages et inconvénients, et le choix dépend de la situation spécifique de ton entreprise business Food, de tes besoins financiers et de ton appétence au risque.
De même, c’est important de garder en tête que les crises que vivent ton entreprise ne sont PAS des échecs. Cela fait partie de la vie de l’entreprise et de sa nature : c’est un bateau qui vit des hauts et des tempêtes. Et ton rôle, c’est de savoir la diriger de façon à ce qu’elle arrive à bon port. Et comme me l’a si bien dit ma mère, entrepreneuse pendant 43 ans : « des crises quand on est cheffe d’entreprise il y en a régulièrement, c’est normal, il ne faut pas mal le prendre, et tu en ressors encore meilleure après ! »
Pour aller plus loin
Tu as besoin de faire le point sur la situation de ton projet ou de ton business Food ? Je t’invite à réserver ta séance diagnostic offerte. Nous identifierons tes leviers pour atteindre tes objectifs ainsi que les freins à dépasser.